Tirer son épingle du jeu : La Vie de Marianne ou le récit qui n’appartenait à personne
Résumé
Cet article propose d’analyser la manière dont Marivaux, dans La Vie de Marianne, joue à « faire vrai » en déployant un ensemble de procédés rhétoriques et narratifs : de la vieille ficelle du manuscrit retrouvé par hasard à l ’appel de prestigieux témoins prêts à garantir l’authenticité d’un épisode, tous les moyens sont bons pour produire l’effet de véridicité attendu du lecteur. Cependant, dans un mouvement inverse, Marivaux viole constamment le pacte de lecture qu’il a institué : le lecteur ne peut manquer de s’interroger sur la composition de ce qu’il lit et de s’apercevoir que le texte exhibe trop de négligences pour qu’il lui soit encore permis de croire à la réalité des faits qui lui sont racontés. La fiction se met ainsi en scène et souligne les procédés qui forcent le lecteur à s’interroger sur sa propre crédulité. Nous analyserons ici les conséquences de ce double mouvement et nous proposerons quelques hypothèses théoriques pour rendre compte de cette poétique paradoxale du jeu chez Marivaux.
Mots-clés :
Marivaux, La Vie de Marianne, topos du manuscrit trouvé, pacte de lecture, dispositif fictionnel paradoxalRéférences
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