Théâtralisation de la transmission dans le Maître de Santiago de Montherlant

Hamdi Hemaïdi

Université de La Manouba , Tunisie
https://orcid.org/0000-0002-8096-3290


Résumé

La question du rapport maître-disciple est mise en évidence dans Le Maître de Santiago de Montherlant par une théâtralisation de la transmission. Dialogue vif et tendu, situations conflictuelles et divergences de points de vue ébranlent aussi bien les relations familiales et amicales que les affinités idéologiques. Pour les Espagnols de 1519 partir en Amérique est une aubaine. Cette course effrénée derrière le gain qui utilise l’évangélisation comme prétexte séduit les chevaliers de l’Ordre de Santiago mais elle déplaît énormément à leur chef. La focalisation de cette dramatisation sur le différend en question permet de dégager les figures du maître, celles du disciple et, à travers leurs relations, les valeurs affirmées. Alvaro Dabo, qui agit en tant que guide de l’Ordre de Santiago, est sans conteste la principale figure du maître. En cultivant le paradoxe et en s’opposant au désir de ses pairs, il ne s’érige pas en passeur de savoir-vivre et de savoir-faire, mais il parvient tout de même à formuler les valeurs auxquelles il est attaché : noblesse d’âme, générosité, humilité. Les disciples se répartissent en cinq catégories. La figure « aristotélicienne » (Bernal et Vargas) commente et interprète le discours du maître. La figure « épicurienne » (Olmeda) vise à atteindre le bonheur. Le disciple « parricide » souhaite éliminer Alvaro. Letamendi est l’illustration du mauvais élève. Mariana, incarnation de l’« alter ego », tient du maître sans en être une pâle copie. Tendues, les relations qui régissent les deux instances confèrent une dynamique au processus de transmission. Alvaro cherche à se murer dans le silence, mais il tient à transmettre avant de disparaître. Deux valeurs essentielles constituent la teneur de son message : l’histoire nous enseigne qu’il faut être méfiant à l’égard des forces négatives, l’engagement requiert des qualités morales telles que le sacrifice de soi et la charité. Montherlant approuve chez son personnage la condamnation de la colonisation, mais il n’adhère pas à son extrémisme.

Mots-clés :

Henry de Montherlant, transmission, conflit, figures magistrales, engagement, retrait

Deshoulières, V. et Constantinescu, M. (2009). Les Funambules de l’affection. Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise Pascal.

Franck, J. (2003). Maître et disciple ; quel lien ?. Récupéré de https : //www.lalibre.be>culture>livres-bd

Kieffer, M. (2013). Maître et disciple : les relais du savoir des premières théories à nos jours. Acta Fabula, vol. 4, n° 6. Récupéré de http://www.fabula.org/acta/document8047.php

Montherlant, H. (1991). Le Maître de Santiago [1947]. Paris : Gallimard.

Noacco, C., Bonnet, C., Marot, P. et Orfanos, C. (2013). Figures du maître. De l’autorité à l’autonomie. Rennes : Presses Universitaires de Rennes.

Scheler, M. (2003). Nature et formes de la sympathie. Contribution à l’étude des lois affectives. Paris : Payot.

Steiner, G. (2003). Maîtres et disciples. Paris : Gallimard.

Vissac, T. (2012). Maîtres et disciples selon Mariana Caplan. Récupéré de www.istenqs.org/Caplan_gourou.htm

Wolff, F. (2006). L’être, l’homme, le disciple. Figures philosophiques empruntées aux anciens. Paris : Presses Universitaires de France.
Download

Publié
2019-12-30


Hemaïdi, H. « Théâtralisation De La Transmission Dans Le Maître De Santiago De Montherlant ». Quêtes littéraires, nᵒ 9, décembre 2019, p. 113-24, doi:10.31743/ql.5015.

Hamdi Hemaïdi  hamdihemaidi@yahoo.fr
Université de La Manouba https://orcid.org/0000-0002-8096-3290



Licence

Les articles de la revue sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International.

Licence Agreement [EN]