Que la mémoire parle ! La rupture du pacte de silence grâce au français dans Manèges de Laura Alcoba
Résumé
Dans cet article, nous proposons une analyse du roman Manèges de l’autrice franco-argentine Laura Alcoba. Plus précisément, c’est le rapport à la langue française en tant qu’évocatrice de la mémoire argentine qui nous intéresse. Réduite au silence durant son enfance clandestine à Buenos Aires, Laura Alcoba trouve dans cette langue de l’exil une liberté inespérée afin de mettre des mots sur une expérience jusqu’à présent tue et innommée. En tant que médiatrice de la mémoire, la langue française semble l’unique solution pour renouer avec un passé dont l’expression en version originale serait probablement insurmontable pour l’autrice. La distance créée par le français − synonyme de liberté et renaissance − vis à vis de l’espagnol – synonyme de répression et silence − est la condition sine qua non pour que la mémoire, enfin, parle.
Mots-clés :
mémoire, langue, répression, Argentine, écriture, exil, Laura AlcobaRéférences
Alcoba, L. (2007). Manèges. Petite histoire argentine. Paris : Gallimard.
Alcoba, L. (2008-2018). La casa de los conejos. (L. Brizuela trad.). Buenos Aires : Edhasa.
Alcoba, L. (2013). Le bleu des abeilles. Paris : Gallimard.
Alcoba, L. (2020). En français s’il me plaît ! Interview à Laura Alcoba. TV5 Monde. https://www.youtube.com/watch?v=fODbpk_kbF0
Barrera, L. (2014). La lenta desaparición del ‘Ingeniero’ de Montoneros. Infojus Noticias. http://www.infojusnoticias.gob.ar/provinciales/la-lentadesaparicion-del-ingeniero-de-montoneros-1743.html
Dauphin, C. (2002). Les correspondances comme objet historique. Un travail sur les limites. Sociétés & Représentations,13, 43-50. https://doi.org/10.3917/sr.013.0043 (Crossref)
Fédier, F. (2005). L’intraduisible. Revue philosophique de la France et de l’étranger. Presses Universitaires de France. Tome 130, 481-488. https://www.cairn.info/revue-philosophique-2005-4-page-481.htm (Crossref)
Gillespie, R. (1982). Soldados de Perón. Buenos Aires : Grijalbo.
Grutman, R. (1997). Des langues qui résonnent. L’hétérolinguisme au XIXe siècle québécois. Montréal : Fides
Grutman, R. (2012). Traduire l’hétérolinguisme : questions conceptuelles et (con)textuelles. Dans M. A. Montout (dir.), Autour d’Olive Senior. Hétérolinguisme et traduction (p. 49-81). Angers : Presses de l’Université d’Angers.
Longoni, A. (2007). Traiciones, la figura del traidor en los relatos acerca de los sobrevivientes de la represión. Buenos Aires : Norma.
Mounin, G. (1976). Linguistique et traduction. Bruxelles : Dessart et Mardaga.
Reati, F., et Simón, P. (2021). Filosofía de la incomunicación. Las cartas clandestinas de la Unidad Penitenciaria Nº1 durante la dictadura. (Córdoba, 1976-1979). Villa María : EDUVIM.
Ricœur, P. (2000). La mémoire, l’histoire, l’oubli. Paris : Seuil.
Salazar, B. (1992). La langue de l’exil dans la littérature d’Amérique Latine. Exils et émigrations hispaniques au XXe siècle, 1. Paris : Centre de Recherches Hispaniques, 124-127. (Crossref)
Valverde, E. (2012). LOMJE : Historia de la resistencia de tres casas montoneras. La Plata : De la Campana.
Wieviorka, A. (2013) [1998]. L’ère du témoin. Paris : Plon.
Licence

Ce travail est disponible sous la licence Creative Commons Attribution 4.0 International .
Les articles de la revue sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International.