Baudelaire et les « favoris de la muse bizarre »

Marie-Hélène Girard

Université de Yale , États-Unis


Résumé

La notion de bizarre s’affirme dans l’œuvre de Baudelaire vers 1855, au moment où Paris accueille sa première Exposition universelle, et elle n’est pas étrangère à la découverte des peintres anglais qui y participèrent en nombre. Baudelaire déclara d’emblée son admiration pour l’originalité de ces artistes et promit de leur consacrer un article après qu’il les aurait étudiés. Cet article ne vit pas le jour, mais de 1855 au prologue du Salon de 1859, on peut vérifier la persistance de cette empreinte anglaise, et déduire de diverses notes préparatoires quelques réflexions sur les composantes du bizarre selon Baudelaire. Reprenant les jugements de Théophile Gautier et de Théodore Silvestre sur les peintres anglais, il identifie parmi les spécificités de la peinture anglaise, la place de l’humour, le culte de l’intime, la naïveté, l’extrême fidélité à la nature et un goût « exaspéré » de la couleur, notamment chez les Préraphaélites, qui les placent aux antipodes de la tradition française. Baudelaire découvre ainsi, dans la bizarrerie de la peinture anglaise une conjonction de nature et d’imagination, qui la rend incomparablement plus moderne que les tentatives du Réalisme français.

Mots-clés :

Baudelaire, imagination, préraphaélisme, féerie, couleur



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Publié
2025-12-24


Girard, M.-H. . « Baudelaire Et Les « Favoris De La Muse Bizarre » ». Quêtes littéraires, nᵒ 15 (Numéro spécial), décembre 2025, p. 139-58, doi:10.31743/ql.19210.

Marie-Hélène Girard  mariehelene.devoret@gmail.com
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