L’Évangile selon Babeuf
Résumé
Associer le nom de Babeuf à la Bible peut sembler paradoxal, voire déroutant, tant le tribun du peuple s’est illustré par son rejet du catholicisme dès les premiers temps de la Révolution. Renonçant à son prénom de baptême, François-Noël, il adopte successivement ceux de Camille, puis de Gracchus, empruntés à l’Antiquité romaine, afin d’incarner plus pleinement l’idéal égalitaire qui le conduira à l’échafaud en 1797. Pourtant, les références au livre sacré du christianisme abondent dans ses écrits, et la figure du Christ y occupe une place centrale, tantôt comme modèle d’apôtre, tantôt comme image du martyr. Le babouvisme, préfiguration du communisme, puise ainsi dans la Bible une matière symbolique et rhétorique qu’il détourne par le pastiche ou la parodie. La mission de la Conjuration des Égaux s’inscrit dans cette logique : elle vise à promulguer un nouveau code moral et politique, un « décalogue de la sainte humanité, du sans-culottisme, de l’imprescriptible équité », selon les mots de Babeuf dans son Manifeste des plébéiens (1795), véritable évangile séculier destiné aux classes opprimées.
Mots-clés :
Babeuf (Gracchus), Révolution française, Conjuration des Égaux, communisme, christianismeRéférences
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