Du « terrible style espagnol » aux « exécrables choses ». Baudelaire et la beauté spirituelle du baroque
Résumé
Cet article s’appuie sur les références à l’art et à l’esthétique baroques qui parsèment l’œuvre de Baudelaire, en vers ou en prose, destinée ou non à la publication. Il s’agit d’occurrences distantes et différentes entre elles : de l’épigraphe que Baudelaire tire des Tragiques d’Agrippa d’Aubigné, figure mythique de l’horreur satirique et de l’élévation spirituelle des vaincus, à son appréciation esthétique du « charmant mauvais goût » des églises jésuites, que l’on retrouve également dans « À une Madone » et dans « La Morale du joujou ». Cependant, elles sont toutes caractérisées par une triple ambiguïté capable de nourrir notre interprétation de la conception baudelairienne de la beauté. En effet, elles témoignent de l’indissociabilité des dimensions esthétique et morale, elles incarnent une conception de la beauté nourrie à la fois de satire et d’élévation, et, enfin, elles se font l’expression du jugement ambivalent de Baudelaire face à leur esthétique hyperbolique, entre fascination et mise à distance amusée.
Mots-clés :
Baudelaire, beauté, baroque, spiritualité, ironie, morale, esthétique hyperboliqueRéférences
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Université Paris-Nanterre https://orcid.org/0009-0005-5735-6643
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